Le prix « rue de l’avenir 2022 » a été décerné à la ville de Bruxelles qui a pris l’initiative de passer l’ensemble du réseau routier de la ville à 30 km/h en début d’année 2021. La mise en place n’a pas toujours été simple, notamment à cause de diverses oppositions émanant principalement d’artisans et entreprises de transport. Isabelle Janssens, cheffe de projet à Bruxelles Mobilité, a précisé que la communication sur les atouts du 30 km/h était très importante en début de projet pour faciliter l’acceptation de la mesure par la grande majorité des usagers.
Les avantages d’un 30 km/h généralisé sont principalement la sécurité et la réduction des impacts environnementaux. Le BPA a évalué, par des modèles théoriques et des monitorings, qu’un tiers des accidents graves pourraient être supprimés en passant de 50 à 30 km/h. De même, l’OFEV a confirmé le gain d’environ 3 décibels en diminuant de 20 km/h la limitation de vitesse actuelle de 50 km/h. Enfin, plusieurs études ont démontré que la perte de temps pour les bus était minime (environ 1.5 seconde en moyenne par 100m). En milieu urbain dense, le bus peut effectivement rarement rouler aujourd’hui à 50 km/h et la perte de temps peut être compensée par d’autres éléments (arrêts à la demande, ajustement de la régulation, etc.).
En France, les grandes agglomérations, dans le sillage de Paris, Grenoble ou Lorient, ont déjà ou sont sur le point de passer au 30 km/h généralisé. Le Cerema, en la personne de Benoît Hiron, chef de groupe sécurité des usagers et déplacements, a dressé le portrait de la France en matière de limitation de vitesse. Des pays envisagent même de passer la totalité des réseaux urbains à 30 km/h : Pérou, Mexique, Pays de Galle, Écosse, Espagne.
Après le retour d’expérience sur les projets à l’étranger, une autre partie de la journée était consacrée aux projets suisses et plus particulièrement aux projets à Lausanne qui a accueilli cette 39ème journée d’étude « rue de l’avenir ». En Suisse, le 30 km/h généralisé est encore peu développé. La baisse de la vitesse est ponctuelle et reste une exception à la vitesse généralisée des 50 km/h. Deux options sont alors possibles : la zone 30 km/h ou la limitation à 30 km/h. Pour accélérer la baisse de vitesse, la loi fédérale va être modifiée au 1er janvier 2023 en assouplissant les documents nécessaires à l’établissement de ce type de mesures.
Lausanne a pris le parti d’agir en deux temps. La ville a généralisé le 30 km/h de nuit il y a 10 mois. Les impacts positifs ont été décrits par Nuria Medir Bento (cheffe du service mobilité) et les retours détaillés par Florence Germond conseillère municipale en charge de la mobilité. Les riverains ont pu progressivement s’habituer à la limitation de vitesse qui pourrait être pérennisée de jour. Le canton de Genève a également présenté sa politique en matière de limitation de vitesse avec comme objectif n°1 de réduire le bruit routier.
Une visite de terrain en fin de journée a permis de matérialiser les efforts de la ville de Lausanne en matière de modération de vitesse : zone 30 km/h, zone de rencontre et zone de modération « Covid » qui ont été mises en place rapidement et qui sont amenées désormais à évoluer.Petit à petit le changement de paradigme s’installe avec une généralisation du 30 km/h et des exceptions sur certains axes à 50 km/h.